ESPACE GT Actuel
2018
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Anaïs Lelievre & Marie Noëlle Deverre ENCORE UN PEU VERNISSAGE |
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Exposition en DUO www.anaislelievre.com Marie-Noëlle Deverre et Anaïs Lelièvre restituent ce qui subsiste encore un peu de leurs expériences communes ou individuelles de résidences. Encore un peu confère à un resserrement autant qu’à une insatiabilité permanente, qui les amènent de l'incision fragmentaire au foisonnement débordant, et aux déballages et remballages successifs d’une vie nomade. Dans des mouvements qui appartiennent à chacune, elles dissèquent l’image par sa démultiplication, avec une prédilection pour les installations de dessin, en estampe et en couleur pour l’une, en photocopie et en noir et blanc pour l’autre… A travers des matériaux souples et légers, modelables ou modulables, le dessin vient jouer de son propre état pour construire dans l’espace des installations chaque fois remaniables.
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Marie-Noëlle Deverre Icônes ordinaires Papura, 2018 A la Fourchette, 2018
Marie-Nöelle Deverre, Le bout du rouleau Naissant de jeux d’échange avec un public hétérogène, mes productions foisonnent, débordent en disséquant de manière les images qui nous environnent. Ces réalisations sont souvent évolutives, se démultiplient, se morcellent en puzzle, se transforment comme des Barbapapas lorsqu’elles s’imprègnent de tout ce qui les entoure. Durant ma résidence dans une école, j’ai été fascinée par des planches éducatives imprimées en couleur que les enseignant(e)s utilisaient autrefois pour illustrer leurs cours, notamment les sciences naturelles. Cette pratique de visualisation scolaire laisse maintenant place à celle qui consiste à avoir recours à Internet comme à une encyclopédie. Dans un cas peu d’images, dans l’autre un déferlement d’images. L’installation in situ et éphémère Le bout du rouleau puise dans cette banque d’images anciennes pour évoquer nos idées reçues ou « images reçues », sortes d’images d’Epinal. Tous ces clichés qui nous éduquent n’apparaissent-ils pas un jour ou l’autre obsolètes, incompréhensibles en dehors de leur contexte ? Dans cette installation, en forme de plan de dissection monumental, la couleur rose chair des estampes met au même niveau toutes ces choses qui se déversent en cascade comme d’une Corne d’abondance qui ne serait pas inépuisable.
Anaïs Lelievre, Installation
Anaïs Lelievre Dessin / Céramique Avec la pointe métallique du rotring, mon geste est celui de taper, qui finit en glissant dans l’après-coup de l’impact ; aussi de gratter. La feuille de papier est surface, ce qui est sur, avec quelque chose dessous, qui n’est plus le mur. Percussion : ça cherche quelque chose dessous, ça vise, mais ça bute en surface, le dessin est sans cesse ce dessein qui rate. En cela il semble gravure mais n’en est pas. C’est dans ce rapport, qui se décale du dessous au dessus, de la profondeur à la surface, du tout près au très loin, que ça vibre et que ça vit. Cherchant à cerner autrement ce qui s’y joue, des mots griffonnés et raturés, recouverts ou recouvrant, se débordent et se distordent, ouvrant à une lecture non linéaire, ponctuée et rebondissante de ses manques. Et cette tentative de perforation et d’énonciation qui devient lignes, tracés sismiques, est ce qui fait que le dessin persiste actif, réactivant sans cesse, dans l’espace du regard, son processus d’émergence. Entre dessin, performance, sculpture et installation, un même fond impulse et relie chaque pièce comme des îles (ces îles désertes qui, dans les mots de Deleuze, surgissent, se séparent, disparaissent et reviennent), chaque médium se cherchant transversalement dans l’autre où il n’est pas. Aussi, les dessins tendent-ils vers une dimension sculpturale, et les céramiques se strient-elles d’un geste rythmique que Leroi-Gourhan excavait à l’origine du graphisme (Le Geste et la parole). Percussion, incise, grattage sans charge d’encre, mais chargés d’ombres versatiles, font saillir en lumière des présences indéfinies, entre pierres de lave spongieuses, volcans déracinés, mollusques craquelés, coraux entre roc et fluide. Cette matérialité métamorphique, limaçante et rocailleuse, pointue parce que creusée, vient encore dire quelque chose de la densité poreuse et épaisse du langage tel un « trou […] sur le bout de la langue » (Liliane Giraudon)."
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